Les disproportions, les discordances et les exagérations suffisent, d’autre part, à caractériser l’écriture inharmonieuse, mais ses plus bas étages sont formés avec l’assistance de la confusion, de la complication, et surtout de la grossièreté.L’inharmonie de l’écriture révèle l’infériorité du caractère. »
L’œuvre de Crépieux-Jamin a développé le vocabulaire graphologique, a proposé une classification des signes graphiques et a indiqué des pistes d’interprétation psychologique. Il faut toutefois constater l’absence de référence à une quelconque théorie de la personnalité. En quelque sorte, ce n’est pas l’écriture qui est le reflet de la personnalité mais l’inverse : les dynamiques propres de l’écriture induisent de facto les dynamiques de la personnalité. Seule la logique moraliste donne une impression de cohésion dans sa conception de la psychologue humaine.
Jules Crépieux-Jamin est un des premiers graphologue français qui contribua au développement de cette pratique. Il fut élevé par sa mère à Arras, dans le nord de la France, et se destinait à devenir horloger. Le développement de l’industrie menaçait toutefois ce métier et Crépieux-Jamin se dirigea alors vers la dentisterie. En 1889, il déménage à Rouen, ouvre un cabinet de dentiste et se marie avec une femme qui lui donne plusieurs enfants. Crépieux-Jamin s’avoue franc-maçon, antimilitariste et anticlérical. Il découvre les écrits de Michon et développe un intérêt croissant pour la graphologie. En 1897, il est mandaté pour participer à l’expertise du « bordereau » dans l’affaire Dreyfus. Dressant d’abord un profil psychologique en défaveur de l’accusé, le graphologue change d’avis et affirme que l’auteur du texte compromettant n’est pas Alfred Dreyfus. Son implication dans cette affaire ne le laissera pas indemne. En défendant Dreyfus, il subit des pressions et des menaces. Les clients désertent son cabinet de dentiste. Il se consacre alors principalement à son occupation de graphologue.
Du point de vue théorique, les positions de Crépieux-Jamin sont à placer dans la continuité de celles de Michon. Le vocabulaire des deux hommes est similaire. Crépieux-Jamin amène toutefois une série de lois (dont certaines qui contredisent celles de Michon) ainsi qu’une nouvelle classification des signes graphiques.
Ces deux synthèses d’orientation (et plus principalement celle de l’harmonie) permettent donc à l’auteur de détecter la supériorité ou l’infériorité du scripteur sur les plans de l’intelligence, de la moralité et de la volonté. Dans son livre « ABC de la graphologie », Crépieux-Jamin énonce quinze règles « dont le graphologue doit s’inspirer s’il veut obtenir les meilleurs résultats » (1930, p. 19). Ces règles préconisent notamment qu’il ne faut pas s’engager à fond dans un examen graphologique sur un seul document, qu’il faut classer les caractéristiques graphiques par ordre d’intensité, etc. Ces principes sont encore cités et utilisés par les graphologues francophones actuels.
Entre 1903 et 1907, Crépieux-Jamin participa aux expériences d’Alfred Binet. À cette époque là, Binet s’intéressait à tout indice éventuel de l’intelligence humaine. Durant ces quelques années, Crépieux-Jamin correspond avec Binet et effectue des analyses graphologiques à l’aveugle. La synthèse de ces expériences est publiée en 1906 (Binet, 1906).
L’œuvre de Crépieux-Jamin a développé le vocabulaire graphologique, a proposé une classification des signes graphiques et a indiqué des pistes d’interprétation psychologique. Il faut toutefois constater l’absence de référence à une quelconque théorie de la personnalité. En quelque sorte, ce n’est pas l’écriture qui est le reflet de la personnalité mais l’inverse : les dynamiques propres de l’écriture induisent de facto les dynamiques de la personnalité. Seule la logique moraliste donne une impression de cohésion dans sa conception de la psychologue humaine.
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